L’aubépine

Crataegus oxyacantha ou laevigata et monogyna

fruit de l'aubépine, cenelle

Cet arbuste de 2 à 4 mètres, souvent plus large que haut, de la famille des roses (rosacées) est originaire d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. Il a par le passé souvent été planté en haies, du fait de ses épines et de la densité de ses branches qui permettaient de faire obstacle au passage humain comme animal. On le rencontre donc dans les haies et les clairières de forêts légèrement humides. Il colonise les terrains abandonnés et de préférence calcaires.

Son tronc est souvent assez tortueux de couleur gris-brun, crevassé avec l’âge. Ses branches rigides et épineuses portent des feuilles ovales aux lobes très profonds et plus ou moins arrondis au sommet. Les fleurs blanches, voire rosâtres, à 5 pétales et aux étamines roses apparaissent en groupe au printemps, attirant de nombreux insectes. Leur odeur n’est pas des plus agréables lorsque les fleurs sont chauffées par le soleil, celle-ci est due à l’exhalaison de triméthylamine. Les fruits rouges, les cenelles, contiennent une ou deux graines dures, Les arbustes se croisent facilement entre eux (il en existe plus de cent espèces dans le monde) et il est difficile de les distinguer botaniquement parlant, mais on suppose que toutes les variétés disposent de vertus similaires.

L’aubépine, une plante à croissance lente, a la capacité de vivre jusqu’à 500 ans, voire plus, et certains spécimens sont même réputés millénaires. Ses fleurs et fruits attirent les mouches, les coléoptères et les oiseaux. Il est vivement recommandé de cultiver de l’aubépine dans votre jardin afin de profiter de sa beauté ainsi que des bienfaits qu’elle peut apporter à votre santé et à la biodiversité. De plus, cette plante n’est que très rarement parasitée, elle est facile à cultiver et ne nécessite pas de soins particuliers sur le plan écologique. Elle peut résister à des températures descendant jusqu’à -17°C.

L’aubépine a toujours été une source inépuisable d’inspiration à travers les âges, et de nombreuses histoires et traditions témoignent de la richesse de cet arbuste. Pour cet article, j’ai puisé dans au moins 20 livres contenant une référence à cet extraordinaire symbole de force et de renouveau !

  • Version Histoire:

Les hommes de la Préhistoire appréciaient les fruits pour leurs vertus médicinales, une tradition reconnue depuis l’Antiquité. De nombreux noyaux ont été découverts à proximité de leurs habitations, témoignant de l’importance de ces fruits dans leur vie quotidienne.

Dioscoride préconisait un sirop qui luttait contre la vieillesse. Au Moyen-Age et plus tard, on le recommandait contre la goutte, la pleurésie, les hémorragies et les leucorrhées. la sage-femme de Marie de Médecis la donnait pour dissoudre les calculs urinaires. Avant de partir en croisade, le preux chevalier offrait à sa belle une branche ornée d’un ruban grenat, signe de son attachement et de sa fidélité.

En Angleterre au début du 19ème, l’arbuste fut implanté par de riches propriétaires afin de rendre difficile l’accès de leurs nombreuses terres aux paysans et autres indésirables.

Mais il fallut attendre la fin du XIX (1897) pour que son action cardiaque soit démontrée. Et elle devient dès lors très réputée pour ses vertus sédatives du système cardio-vasculaire.

Les fruits étaient appelés Poire du Seigneur en bas Valais ou poire d’oiseau, car ils attirent de nombreux oiseaux. Surnommée aussi bonnet de nuit, car l’aubépine invite au sommeil. mais également épine blanche, noble épine, senellier, bois de mai,…

Le bois de l’aubépine, dur comme du fer est recherché par les ébénistes, pour fabriquer des manches d’outils et par les marcheurs pour en faire leur bâton. Il a de plus été utilisé pour fabriquer les potences. Il a un grand pouvoir chauffant tout en produisant peu de cendres et a ainsi été bien utilisé par les boulangers.

  • Version traditions et légendes:

Arbre sacré chez les Celtes, les Grecs et les Romains, l’arbuste était emblème de santé, prospérité, force et protection, de guérison et de fertilité. Il est à l’origine de nombreuses légendes:

-Héra, femme de Zeus a conçu ses enfants en touchant ses fleurs. A Athènes, lors des repas de noces, chaque convive portait une branche d’aubépine, gage de bonheur et de prospérité des époux. Les Romains l’avaient dédiée à Maïa, mère d’Hermès, célébrée en mai, ses branches garnissaient la chambre des mariés ainsi que le berceau des bébés.

-Ce serait l’arbre du buisson ardent de Moïse, ses branches auraient composé la couronne du Christ.

-C’est l’arbre des fées, elles y résident fréquemment sous sa protection. Leur présence ne ferait aucun doute si 3 arbustes se sont regroupés pour former un rond, tout comme un arbuste isolé croissant près d’un ruisseau. On avait ainsi coutume d’y amener des offrandes au pied. Il était très dangereux de s’en approcher le 3 avril, le 11 mai, le 24 juin et le 1er et 11 novembre, les fées s’y réunissant en grands nombres et n’aimant pas être dérangées. Abattre de tels arbres étaient évidemment peu judicieux, on ne détruit pas les arbres des fées impunément.. De nombreux Irlandais s’opposent encore à la destruction d’aubépines visant à agrandir ou aménager des routes. Ainsi en 1999, un homme alerta la presse et mit en garde l’administration contre les fées qui chercheraient à se venger, après une vague de solidarité populaire, on promit de l’épargner..

-L’aubépine était l’arbre sacré de la fête celtique de Beltaine (1er mai). On faisait de grands feux qui faisaient objet de concurrence dans les villages, à qui ferait le feu le plus haut! On y dansait autour et à l’issue de la fête, chacun partait avec une branche qu’il fixait sur sa porte. Ce n’est qu’après que commençait la saison des mariages, car on ne se mariait jamais entre Samain et Beltan. Selon le calendrier celte, établi sur 13 lunes, la lune de l’aubépine a lieu du 13 mai au 8 juin. Il est le 6ème arbre de l’alphabet druidique et correspond à la lettre H ou Uath, mais ce fait n’est pas certain. L’aubépine est associée au temps, ainsi qu’à la chasteté et à la pureté. Sous la lune de l’aubépine, on lavait les temples en vue des fêtes du solstice. Certaines activités ne devaient pas se passer à ce moment comme le port de nouveaux vêtements. Elle était aussi associée à une certaine austérité et à la force durable. Sous cette lune, on prend conscience des cycles de la vie. les projets, s’ils ont été bien menés, c’est aussi le moment de planifier la suite, de s’interroger sur ce qui est durable ou non. La personne née sous cette lune était capable de bien planifier les choses en distinguant l’essentiel. Il était aussi réputé protecteur, les oiseaux sont nombreux à y faire leur nid et ayant le pouvoir d’éloigner la foudre, la foudre tombant rarement sur l’aubépine. Il se pourrait effectivement bien que l’arbuste écoule l’électricité par ses épines, comme les paratonnerres.

-La légende celtique dit que Nolwenn, fille d’un prince de Cornwall est venue s’installer en Bretagne du côté de Vannes. A Bignan, elle rencontre un tyran qui la décapite, mais elle continue sa route, en tenant sa tête dans ses mains. Elle plante enfin son bâton dans la terre, qui devient une aubépine. Elle y est vénérée dans tout le Morbihan et guérissait les migaines.

-Merlin serait enfermé dans un buisson d’aubépine dans la forêt de Brocéliande, Viviane l’y ayant enchaîné de peur de le perdre. Près de la tombe de Merlin, on y trouve effectivement une belle aubépine…

-On plantait de l’aubépine aux abords des maisons car on pensait que sa proximité permettait de conserver la viande, d’empêcher le lait de tourner et de faire fuir les serpents.

De nombreux composés sont présents dans les feuilles ou les fruits: des oligomères procyanidiques caractéristiques (catéchine, épicatéchine), des anti-oxydants comme des flavonoïdes en particulier dans les feuilles et l’écorce (quercétine, hyperoside, vitexine et rutoside) et des acides organiques triterpéniques et phénoliques, ainsi que des amines biogènes aromatiques comme la tyramine, des saponines, des traces d’huile essentielle, pigments, purines, tanins, vit C (fruits), sorbite et choline.

L’aubépine est utilisée depuis des siècles dans la médecine traditionnelle. Les parties utilisées de cet arbuste comprennent les fleurs, les feuilles et les fruits (appelés cenelles).

Les fleurs, feuilles et les fruits de l’aubépine sont réputés pour leurs propriétés anxiolytiques, ce qui signifie qu’ils ont la capacité de réduire l’anxiété et le stress. Ils sont également connus pour leurs effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire, grâce à leurs flavonoïdes et la procyanidine, notamment pour traiter les problèmes cardiaques tels que l’hyperémotivité cardiaque, les palpitations liées au stress, des arythmies légères ou pour des troubles cardiaques plus graves, l’aubépine peut ainsi aider à stabiliser et à réguler le rythme du cœur. Comme mécanisme d’action principal, certains auteurs émettent l’hypothèse d’une inhibition par les flavones de l’entrée de calcium dans la cellule myocardique1. La rutine agirait sur les capillaires en en réduisant l’usure et en augmentant ainsi le passage du sang et diminuant la congestion associée à la chaleur. L’aubépine améliorerait le dépôt de lipides dans les parois capillaires et les globules rouges qui passent à travers, le sang passe ainsi plus rapidement et facilement. La réduction du cholestérol serait due à la diminution des lipoprotéines à basse densité (LDL) et à l’augmentation de celles à haute densité (HDL), ce qui permettrait de réparer plus efficacement les surfaces capillaires blessées. Contrairement à la digitale, qui renforce directement les mouvements des muscles cardiaques, l’aubépine améliore la nutrition, l’activité, les réserves du muscle2. Le tempérament passionné ou nervo-sanguin avec une domination du mental en profitera bien. Selon la médecine de Steiner, l’aubépine aide à refouler les tendances durcissantes et refroidissantes de nos pensées qui perturbent le système cardiaque et respiratoire.

En plus de soulager les symptômes liés au stress et aux troubles cardiaques, l’aubépine a également des propriétés antispasmodiques, et peut être utile pour les personnes souffrant de spasmes ou de crampes musculaires. On l’utilise également pour soulager diarrhée et dyspepsie. Elle est en plus indiquée comme spécifique dans les troubles de l’attention.

Ce qui est intéressant avec l’aubépine, c’est qu’elle peut être utilisée sur le long terme (et devant souvent l’être, ses action étant assez lentes), quelles que soient les causes des problèmes cardiaques. Elle est considérée un peu comme une plante adaptogène, ce qui signifie qu’elle peut aider à améliorer la résilience du corps face au stress et aux diverses conditions qui peuvent affecter le cœur. Elle ne présente aucune toxicité, mais à vérifier les interférences et potentialisations lors de traitements pour maladies cardiaques et le port de pacemaker (bétabloquants, digoxine, inhibiteurs de phosphodiestérase 5, Viagra,..).

En médecine chinoise, il est le symbole du feu, plante du vide du coeur, coeur-matière et coeur Shen (coeur et système nerveux). Les fruits de la variété asiatique Crataegus pinnatifida Bunge « shan zha » sont utilisés dès l’apparition de symptômes de stagnation alimentaire, ballonnements, indigestion,.. Elles sont aussi indiquées pour soulager les accouchements ou règles douloureuses, et partiellement carbonisées, elles sont utilisées contre les diarrhées.

L’aubépine s’accommode de différentes situations et a l’aptitude à trouver sa juste place. Selon la théorie des signatures, l’aubépine a 2 couleurs, le rouge est lié au coeur et le blanc est symbole de pureté. Elle nous montre ainsi le chemin du coeur, la voie du milieu, le retour au centre. C’est une énergie d’alignement, apaisante et protectrice. Souvent trilobées, les feuilles rappellent la symbolique de la trinité, le triskel breton. Le 3 ainsi que ses couleurs invitent à sortir de la dualité et à trouver la voie du coeur.

Par ailleurs, l’aubépine entre également dans la composition de nombreux produits naturels tels que les infusions, les compléments alimentaires et les crèmes pour la peau. Sa teneur en antioxydants en fait une plante appréciée pour ses effets anti-âge et son pouvoir protecteur contre les radicaux libres.

1 De la lumière à la guérison

2 Traité d’herboristerie, Wood, cf bibliographie

  • En tisane: 1cc de fleurs et feuilles séchées pour 1 tasse, plusieurs fois par jour ou 3/4 de fleurs et 1/4 de fruits secs. Jusqu’à 50 gr de fleurs dans 1 litre.
  • En alcoolature: l’essence Cérès d’aubépine est une essence de rythmes, elle harmonise force accumulée et déchargement impulsif. Elle nous montre que de nombreuses évolutions de la vie ne se déroulent pas de manière linéaire, il y a des entraves, des chemins de travers. Les moments de ralentissement sont nécessaires pour que de nouvelles impulsions apparaissent. Si on les évite, les congestions apparaissent. L’aubépine donne de nouvelles impulsions de vie, nous donne de la confiance et dissipe les sensations d’angoisse et de pression psychologique. Elle aide physiquement pour toute problématique cardiaque, les états d’épuisement, de stress, d’asthme et durant la ménopause. jusqu’à 30 gouttes 3x/par jour pour une teinture artisanale.
  • En macérât de bourgeons: c’est l’arbre de l’adaptation, qui est capable de trouver la juste place. Il aura une action sur le cardio-vasculaire et le système nerveux, calmant les angoisses cardiaques, boulimies, anxiétés, régulant le rythme cardiaque, aussi après un infarctus. Il protège lorsque l’on vit des situations difficiles et que l’on se sent inadapté en nous enveloppant d’amour.
  • En homéopathie: elle est utilisée également pour les problèmes cardiaques.
  • En élixir floral: l’aubépine semble toujours pousser à sa place, s’adaptant et s’intégrant harmonieusement dans la nature. L’élixir facilite la libération des influences extérieures et attachements émotionnels, il nous aide à développer notre individualité, notre liberté intérieure. Il soulage les stress émotionnels liés au relationnel (deuil, rupture,…), apaise et équilibre le système cardiaque. Il est aussi conseillé en cas de séparation ou de deuil, c’est un baume de douceur, à n’importe quelle période de la vie, il aidera à se recentrer et calmera le stress et angoisse.
  • En macérat huileux: l’huile de fleurs adoucit et soulage les peaux irritées et sèches, elle diminue les rougeurs, irritations et les démangeaisons. Celle des baies referme et tonifie les pores dilatés et équilibre l’état de la peau. Calme et favorise le repos lorsqu’elle est appliquée sur la colonne et les épaules.
  • En fumigation: on utilisera les fleurs séchées et le bois. Traditionnellement. on considérait que la fumigation permettait de protéger la maison et la famille.

Les fruits ont été ramassés pour être stockés, séchés et utilisés en remplacement de la farine, qui adoucira et enrichira la qualité nutritive des plats en sauce par ex ou de toute préparation farineuse. Les fruits frais sont riches en vitamine C et plus ou moins sucrés selon l’arbre sur lequel on les cueille, mais de texture toujours assez farineuse.

– verrine pommes et aubépine

– biscuits à la pulpe d’aubépine

– confiture d’aubépine, cuir de fruits

– foccacia aux feuilles

– soupe à l’aubépine

– liqueur d’aubépine au goût d’amande amère

– pesto d’aubépine sur pain

– mousse d’aubépine

– bourgeons non ouverts pour leur goût de noisette dans la

salade, à ajouter comme des câpres

– fruits séchés pour la farine, pâtisserie, barre de céréales, tisane

aux fruits

– fruits en confiture, sirop, liqueur, compote, pesto

– graines de fruits comme succédané de café

– feuilles très jeunes en salade, sur une tartine beurrée ou à

grignoter directement sur l’arbre

– sauce tomate sauvage avec des églantiers (100gr de cenelles,

400 de cynorrhodons, 3 oignons, 3 gousses dail, herbes

aromatiques, sel selon F. Couplan)

- alcoolature fleurs et fruits
- vin cordial d'aubépine
- électuaire relaxant (50ml de miel, 300gtes de macérats glycérinés, 2gr de poudre de tilleul, 30gtes d'essence de citrus aurantium: 1/2cc 3x/j dans de l'eau, 1/4 pour enfants)

– Notes de cours formation phyto

– Les plantes des fées, Barrau et Ely, 2014, Terra curiosa

– La cuisine sauvage, Couplan, 2018, Sang de la terre

– De la lumière à la guérison, la phytothérapie entre sciences et

tradition, Depoërs, Ledoux; Meurin, 2008, Amarys

– Plantes sauvages médicinales, Fleischhauer, Sussmuth, 2021,

Ulmer

– Plantes sauvages comestibles, Fleischhauer, Guthmann,

Spiegelberger, 2019, Ulmer

– Dictionnaire des pantes médicinales et vénéneuses de France,

Fournier, 2022, omnibus

– Les arbres nourriciers et médicinaux, Greiner, 2019, Ulmer

– Les bienfaits des arbres, de Hody Christophe, 2018, E/P/A

– Teintures mères végétales, Kalbermatten R et H, 2017, ATVerlag

– Se soigner par les plantes, Labescat, 2022, Ulmer

– Les arbres sacrés des druides, Laporte, 2018, Rustica

– Plantes sauvages comestibles, Lanska, 1992, Gründ

– Le zodiaque celtique, Larsson, 2012, Ambre

– La phytembryothérapie, Ledoux et Guéniot, 2012, Amarys

– L’herbier secret du druide, Lamour, 2017, Ouest-France

– La plante compagne, Leutaghi P, 1991

– Les huiles de fleurs solarisées, Luu, 2013, Dangles

– Mon herbier de santé, Mességué, 1976, Ex libris

– Le guide ultime de l’herboristerie, Ternisien, 2022, Albin Michel

– Les plantes sauvages, Thévenin, 2012, Lucien Souny

– La cuisine des arbres, Valtat, 2021, Ulmer

– Médecine traditionnelle chinoise, Vastel et Chagnon, 2020,

GuyTrédaniel

– Traité d’herboristerie énergétique, Wood, 2023, GuyTrédaniel

– Les plantes médicinales, Encyclopédie pratique Sélection du

Reader’s digest,

1994

                              

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