Vaccinium myrtilllus Fam: Ericacées
Qui ne s’est jamais amusé enfant (ou adulte!) à tirer sa langue teintée de violet? En plus du plaisir à se teindre mains et lèvres, on fait provision d’énergie et d’antioxydants (entre autres)! Petits fruits à manger sans modération donc!
La reconnaître

Deux myrtilliers se ressemblent beaucoup, et peuvent se retrouver les uns au milieu des autres, la “Vaccinium myrtillus” et la “Vaccinium uliginosum” dite des marais. Celle-ci est aussi comestible, quoique moins bonne et surtout contenant moins de vertus (elle a été utilisée pour le tannage). La myrtille pousse généralement sur des sols acides riches en silice, elle aime les forêts de résineux et de feuillus claires, les tourbières et les pâturages. C’est un sous-arbrisseau à rameaux anguleux, vert clair, avec des feuilles coriaces alternes, munies d’un très court pétiole (tige de la feuille) finement dentées. Ses feuilles rougissent en automne. Pour résumer voici leurs différences:

Myrtille | Myrtille des marais |
chair violette, enveloppe brillante | chair blanche, enveloppe mate |
rameaux vert clair, à angles marqués | rameaux bruns cylindriques |
feuilles pointues dentelées | feuilles arrondies non dentelées |
feuilles vert clair rougissant fin août | feuilles glauques (bleu-vert) mates |
La myrtille ressemble également aux baies de genièvre et de camarine noire (voir photos ci-dessous), qui sont aussi comestibles, mais le goût n’est pas vraiment pareil! Pour la cueillette, visez les buissons de genévrier, il y a généralement des myrtilles en plus grand nombre et l’impératoire des Alpes, qui indique généralement un lieu plutôt humide, les baies seront ainsi possiblement plus grosses qu’en zone très sèche, ces 2 indications ne sont pas une généralité, mais c’est souvent le cas.
Outre la grande valeur de ses fruits, c’est une plante importante du point de vue écologique, car elle protège le sol des forêts de l’érosion; elle développe sous la terre tout un réseau de racines sur la partie superficielle du sol et de rejets rampants donnant naissance à d’autres plants et contribue à la formation d’humus. Ce lacis de tiges traçantes ne serait pas sans rappeler notre microcirculation sanguine pour laquelle ses fruits sont réputés (théorie des signatures). Elles sont recherchées par les oiseaux de nuit, car elles améliorent leur vision nocturne.
!! Attention, on pourrait confondre la myrtille avec des baies de chèvrefeuille ou de belladone, toxiques les 2!! La belladone est plus foncée, quasi noire et plus grande (petite cerise), entourés des 5 sépales du calice avec de grandes feuilles plutôt molles et le chèvrefeuille est au arbre, mais quand il est petit, ses feuilles ressemblent fortement à celles des myrtilliers, mais ses rameaux sont bruns et ses fruits sont plus allongés et de couleur bleuâtre.
Ingérées en très grandes quantités la myrtille des marais peut avoir un effet narcotique.
Petit portfolio:

















Histoire
Dioscoride la préconisait pour “resserrer le ventre”, les dysentries, mais à part cette référence, on a peu d’observations anciennes, probablement parce qu’elle ne poussait ni en Grèce ni en Italie sauf en montagne et même Hildegarde de Bingen la considérait comme nuisible, provoquant des rhumatismes (livre Phytembryothérapie cf bibliographie), cependant, dans Tout savoir…montagne, il est dit qu’elle la préconisait pour induire les règles.. C’est ainsi plutôt par la pratique populaire et l’expérience que l’on a ensuite analysé cet arbrisseau. Il faudra donc attendre les débuts 1900 pour que soient affirmées ses vertus astringentes et antidiabétiques.
Les Gaulois utilisaient le fruit comme teinture, ils s’en servaient en outre pour marquer les tuniques des esclaves. En Ecosse et en Irlande, on célébrait le “dimanche de la Myrtille”, jour de la récolte du fruit et de la frivolité, les jeunes gens pouvaient ainsi laisser libre cours à la danse et à leurs amours.
Les apothicaires élisabéthains faisaient avec les baies et du miel un sirop en cas de diarrhées. Elles étaient aussi utilisées quand il fallait purger un excès de colère.
On raconte que les pilotes américains et français, lors de la seconde guerre mondiale devaient absorber de grande quantités de concentrés de fruits avant les missions nocturnes (pour échapper aux tirs ennemis) pour mieux repérer l’objectif. Mais, l’ingestion de myrtilles, tout en augmentant la vision nocturne, modifiait la perception des distances et des tables de correction devaient être utilisées! De plus les effets constipants de la myrtille nécessitaient l’usage de laxatifs après leurs missions.. Même si c’est une légende, les études ont reconnu qu’elles agissaient sur la fatigue oculaire et la vision nocturne.
Composition
Les baies contiennent en plus de min 75% d’eau, des tanins (action astringente), des acides citriques et maliques entre autres, de la pectine (assez pour juste devoir chauffer les fruits, mais pas besoin de plus pour les transformer en confiture!), des sucres divers, des pigments anthocyaniques (responsable de l’activité vasculoprotectrice, antiagrégante des plaquettes, antioxydant et favorisant la vision nocturne), des flavonoïdes, des glucosides, des vitamines B, C (15mg pour 100gr de fruits) et carotène, du potassium, calcium, du fer et du phosphore et ont une faible teneur en calories.
Les feuilles contiennent des tanins (30%), des acides phénoliques, des glucosides tels que la vacciniine, des flavonoïdes, iridoïdes, alcaloïdes quinolizidiniques, du mucilage, des résines et une légère trace d’essence et de myrtilline (insuline végétale), du chrome et du manganèse en quantité importante.
Propriétés médicinales
Ce sont en 1er lieu les baies qui sont utilisées. Les myrtilles conviennent bien pour les enfants en cas d’inflammations de la bouche, la gorge (aphte, gingivite, angine) et les diarrhées, grâce à ses tanins et son effet bactéricide. Elles sont utiles également lors de troubles circulatoires veineux (hémorroïdes, jambes lourdes,…), de troubles de la micro-circulation capillaire externe (variscosités,…), de grippe intestinale, entérites,… Elles font en outre baisser le sucre dans le sang et régénèrent le pourpre rétinien, améliorent la vision nocturne (par augmentation du nombre des bâtonnets de la rétine). Elles sont rafraichissantes, toniques et diurétiques. Le pancréas profite de la myrtille (action endocrine et antidiabétique et exocrine et antiinfectieuse). Mességué, mais aussi Fournier reprenant Winternitz indiquent qu’une décoction de baies aspirées par le nez serait excellente en cas de rhinite. En externe, elle serait bienfaisante sur de l’eczéma, et en confiture, Winternitz, cité par Fournier, explique qu’elle serait utile en enveloppement sur des dermatites qui démangent.
Elle aurait une activité antitumorale sur les cellules cancérigènes du côlon, du sein, col de l’utérus et prostate et serait aussi utile pour les personnes âgées, au niveau mémoire, troubles du comportement moteur, équilibre et coordination (Grand manuel de phytothérapie).
Les feuilles sont toniques, diurétiques, antiseptiques urinaire et digestive et aident en cas de diabète. On les utilise également dans les inflammations oculaires et la toux. En externe, on peut les utiliser contre les inflammations buccales, les maladies de la peau, ulcères, brûlures, pertes vaginales.
Attention, en cas d’ingestion à hautes doses et sur un long terme de feuilles de myrtilliers, cela pourrait provoquer une intoxication pouvant aller jusqu’à la mort. En cas de diabète, préférer ainsi les baies, sans toxicité.
Galénique
Infusion: 1 poignée de feuilles (10g) pour 1 litre ou 1cs pour 1 tasse (diabète: ajouter la même quantité de fraisier ou mûrier noir, galéga, noyer, géranium Robert)/4 poignées de fruits par litre (50 à 80gr), jusqu’à 6 tasses en cas d’infection intestinale, également pour le bétail.
Décoction en externe: 2 poignées (30 à 40g) pour 1 litre
Macérât de bourgeons glycérinés: selon posologie. C’est un protecteur, que cela soit au niveau mental, vasculaire pancréatique ou digestif, il convient bien au sujet acide, à la structure silicique fragile. Il aide à se protéger de ses propres pensées négatives.
Macérat solarisé de feuilles: en massage local et régulier sur le visage, l’huile permet de stimuler la circulation des capillaires (couperose) et de réduire les inflammations.
Jus ou fraiches (o,5 à 1kg/j), en cas de diarrhée 10ml plusieurs fois/jour ou pour un apport non négligeable en nutriments.
Poudre: diarrhée de l’enfant, 150mg par kilo de l’enfant/4 gr. toutes les 2 ou 3 heures
Femmes enceintes ou allaitantes: elle peut être employée sans risques fraîches. En l’absence de données pour les fruits secs, elle n’est pas recommandée sous cette forme en thérapeutique, mais il n’y a pas de précaution sous forme de compléments alimentaires.
En théorie, elle pourrait potentialiser les médicaments antidiabétiques.
Utilisation culinaire
Jus, sirops, vin, compotes, confitures, tartes, gâteaux, colorant pourpre pour boisson
Potages, sauce aux fruits ou chasse
Muffins aux myrtilles (recette à venir)
Tartelettes au myrtilles (idem)
Séchées, à la place des raisins secs ou moulues pour les mélanger à d’autres farines.
Myrlie (vin ou eau de vie de myrtilles, comme plaisir ou lors de troubles intestinaux)
La propriété colorante de ces baies la rend fort utile pour la teinture et la peinture.
Avertissement: les informations contenues dans cet article le sont à titre informatif uniquement. Elles ne peuvent se substituer à un traitement médical, je ne suis pas médecin ni thérapeute.
Bibliographie
- Plantes sauvages comestibles, Lanska, 1992, Gründ
- La cuisine sauvage, Couplan, 2018, Sang de la Terre
- Mon herbier de santé, Mességué, 1976, ExLibris Lausanne
- La phytembryothérapie, Ledoux et Guéniot, 2018, Amyris
- La plante comagne, Lieutaghi, 1991
- Plantes et savoirs des Alpes, Brüschweiler, 1999, Monographic
- De la lumière à la guérison, la phytothérapie entre sciences et tradition, Depoërs, Ledoux et Meurin, 2008, Amyris
- Les huiles de fleurs solarisées. Luu, 2013, Dangles
- Tout savoir sur les plantes médicinales des montagnes, Hostettmann, 2001, Favre
- Les plantes médicinales, 1993, Sélection Reader’s Digest
- Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Fournier, 2010, Omnibus
- Déguster les plantes sauvages, Couplan, 2017, Sang de la Terre
- Plantes sauvages comestibles, Fleischhauer, Guthmann et Spiegelberger, 2019, Ulmer
- Cuisiner la nature, Calendula, 2019, Rustica éditions
- Grand manuel de phytothérapie, Lorrain, 2019, Dunod
- https://www.altheaprovence.com/cazin/airelle-vaccinium-myrtillus/ consultée le 27.08.23
- Cours de phyto, Ecole La Mandorle, Colombier, 2018-2021
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